État d'ésprit 

L’art,

la philosophie, la politique, se reconstituent à l’infini dans les incertitudes de la liberté. Ils nous mènent vers une irréductible et une indéniable évolution. Les connaissances s’exercent quotidiennement dans l’exercice de leurs fonctions. Elles participent, sans ordre hiérarchique, à la construction du dialogue politique actionnant l’indispensable et continuel mouvement de la démocratie.

L’homme est nature, l’homme est civilisation. L’art est l’irrationnelle respiration de nos civilisations. Le/la coordinateur, de projets artistiques et culturels contribue à le rendre médium et langage.

Faire partie de cette équipe continuellement confrontée à la mise en oeuvre de la prise de parole de la personne dans l’espace collectif est une nécessité. Elle naît et se manifeste dans les projets artistiques et culturels lorsqu’ils révèlent un constat qui mène aux questionnements des causes et non au repli unilatéral sur ses conséquences.

Il m’a fallu plusieurs années pour apprendre à faire la distinction entre intérêt personnel et vocation. Je me suis affranchie de mes préjugés intellectuels, nourris par la méfiance historique et sensible des effroyables conséquences des régimes totalitaires du 20 siècle. Aujourd’hui elle trouve son essence dans l’engagement. 

Cet engagement

est une prise de conscience sur la vigueur et la rigueur nécessaire pour entretenir et maintenir l’équilibre vivant de son humanité, dans un environnement professionnel emprunt de responsabilités. L’une d’entre elle est notre capacité à créer par un élan “primultime”* les formes et les conditions de l’action culturelle, révélant, entre autres, la pluralité des opinions. Mon éveil est lié à mon libre arbitre. Il trouve sa vitalité et sa fertilité dans les échanges avec mes concitoyens. Cette liberté d’échanges et d’incertitudes nourrit le coeur de mon métier. Ce questionnement se construit à travers un processus de réflexion enclin à la créativité de la nature humaine.

Hannah Arendt, politologue, lors de son entretien dans l’émission Un Certain Regard, cite René Char :

“ Notre héritage n’est précédé par aucun testament” elle poursuit par : ”cela veut dire que nous sommes entièrement libres d’utiliser où que nous le voulons les expériences et les pensées du passé (...). Cette liberté ne repose que sur la conviction que chaque être humain en tant qu’être pensant peut réfléchir aussi bien que moi et peut former son propre jugement s’il veut. Ce que je ne sais pas c’est comment faire naître ce désir en lui. Réfléchir cela signifie de toujours penser de manière critique et penser de manière critique cela signifie : que chaque pensée sache qu’il y a en fait des règles rigides et des convictions générales. Tout ce qui se passe lorsqu’on pense est soumis à un examen critique. C’est à dire qu’il n’existe pas de pensées dangereuses pour la simple raison que le fait de penser est en lui même une entreprise dangereuse, mais ne pas penser est encore plus dangereux”(..). (retranscription écrite du documentaire filmé par Roger Errera  de Un Certain Regard 06/07/1974 ).

À l’engagement j’associe la dimension de la mission, faire naître le désir de réfléchir, de penser, de s’instruire, sans injonction, ni déterminisme. Coordonner le mouvement respiratoire existant entre la création artistique et le public.

Isabelle Causse, fondatrice de la galerie Enlazar

* "primultime", néologisme formé par Jankélévitch qui signifie qu'il advient dans le même temps pour la première et dernière fois, une continuelle première fois.

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